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« Un sac à dos d'où émerge un trépied. De bonnes chaussures. L'équipement de Daniel Challe n'est pas très différent de celui d'un randonneur. Mais lui, il ne prépare pas son itinéraire en calculant le dénivelé de la journée. Lui, il tourne. Autour du sujet. Pour trouver l'angle, le point de vue, le cadrage. Daniel Challe travaille à la chambre, à l'ancienne « C'est un engagement plus fort, qui implique un rapport physique au sujet. Ça demande un effort important, une ascèse presque. Avec les smartphones, prendre une photo, c'est facile. Avec une chambre, on travaille la photo comme un sculpteur. On fait moins d'images. Il y a un effort du regard pour trouver le cadre, trouver où poser l'appareil ».

Comme un alpiniste

Depuis cinq ans, après une période intimiste, faite de petits formats autobiographiques, Daniel Challe est revenu à ses anciennes amours : le paysage, les espaces naturels ou urbains. En 2012, pour le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, il sort « Paysages de l'âme », un livre de photos de paysages réalisés à la chambre, sur les traces de l'écrivain. Des clichés forts, d'où surgit l'émotion, où l'on retrouve avec gourmandise le rapport de Rousseau avec la nature : « J'ai lu " Les confessions " et " Les rêveries du promeneur solitaire " (1) où il parle de la marche et du paysage, et donne des informations géographiques précises sur les lieux qu'il évoque. Et puis je suis parti sur ses traces : Savoie, Suisse, Italie... Comme un alpiniste ». Ou du moins un marcheur. Un enquêteur : « Il faut trouver un point de vue, et comment y aller. Revenir. Tourner autour. Arpenter c'est important. S'imprégner. La photo se construit dans le temps. Tu imagines l'image. Mentalement, tu dois savoir où tu vas poser le trépied. Et après, il faut faire avec la météo ». Attendre que la pluie s'arrête, que les nuages se dissipent... « C'est comme un portrait : il faut rester avec la personne, discuter, la regarder, trouver où la placer... »

 

Le temps donne de l'épaisseur

Ce travail sur le paysage, Daniel Challe le pratique beaucoup en Bretagne, notamment autour des rivières. En résidence pendant un an au Domaine de Kerguéhennec (2), il photographie La Claie, pour une autre dans un Ehpad (3) lorientais, il s'immerge au long du Blavet. Depuis peu, Daniel Challe s'intéresse enfin à Lorient : « J'y vis depuis 20 ans, je n'avais jamais trouvé la manière de l'appréhender. Le port de pêche, la base des sous-marins, j'y suis beaucoup venu, mais je ne les avais pas vraiment regardé tant que je ne les avais pas photographiés ». Où qu'il soit, cairn de Barnenez, Baie de Morlaix, Aber-Benoît, Monts d'Arrée ou Malansac, où il a actuellement une carte blanche, il est toujours en immersion : « Regarder. Observer. Rencontrer les gens. Se documenter. S'imprégner. Le temps donne de l'épaisseur. Les premières photos sont rarement bonnes, c'est en revenant qu'on trouve la construction », explique Daniel Challe. »

 

(1) De Jean-Jacques Rousseau. (2) À Bignan, près de Locminé. (3) Ehpad : établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. (4) À Plouézoc'h (Nord-Finistère).

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ALAIN LE QUERNEC

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En 1962, après des études supérieures à Paris, Alain Le Quernec devient professeur de dessin et réalise sa première affiche imprimée. Son séjour à l’Académie des beaux-arts de Varsovie, dans les années soixante-dix, auprès du peintre et affichiste Henryk Tomaszewski, influence d’une manière décisive son parcours artistique. Il ordonne alors l’espace, les mots et les symboles selon l’exigence formelle de l’école polonaise. L’affiche permet une prise de position sur un sujet et d’exprimer un point de vue, de faire circuler des idées et des informations. Affichiste engagé, Alain Le Quernec réalise des affiches pour des causes locales, nationales ou internationales. Il a signé des affiches politiques et sociales (grèves, marées noires, Amnesty international..) et a souvent travaillé dans le domaine de la culture (festivals, films, théâtre…) et de la santé (campagnes anti-tabac…). Divers journaux et en particulier Le Monde, l’ont invité dans leurs pages (illustrations, interventions libres…). Depuis 1972, il vit à Quimper. L’inscription sur le territoire breton marque son oeuvre. Alain Le Quernec est l’un des grands graphistes français. Il est aussi organisateur d’un grand nombre d’expositions. (texte extrait du site du Centre national des arts plastiques - CNAP)

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